Choragos dans Antigone : La Voix de la Raison aurait-elle Pu Sauver Créon ? – Littérature ancienne

Le Choragos à Antigone représente les conseillers de Créon. En apparence, ils étaient là pour guider le roi et faire entendre les préoccupations du peuple. En réalité, son tempérament les empêchait d’être efficaces du tout. Les conseillers doivent, de droit, porter le même poids de respect de la part du roi que Tirésias, le prophète aveugle. Ils sont composés d’anciens de la ville et de citoyens éminents.

Leur déférence envers Créon et leur réticence à le confronter à son entêtement et à son mauvais jugement dans son traitement des Polynices et d’Antigone renforcent l’impression que le roi a un tempérament dangereusement instable. Alors qu’ils auraient pu sauver Créon de sa propre folie, leur refus de s’opposer ouvertement à son autorité retarde sa réalisation de ses erreurs et le condamne finalement à subir la justice cruelle du destin.

Quel est le rôle des Choragos dans Antigone ?

Les anciens et les conseillers agissent comme narrateurs, fournissant une toile de fond au comportement de Créon et, dans certaines scènes, fournissant au public des informations sur les événements qui se produisent hors de la scène. Alors, sinon pour changer le cours du destin de Créon, quel est le rôle des Choragos dans Antigone ? Ils donnent une narration fiable dans une pièce dans laquelle la perception de chacun des personnages peut être considérée comme valide, bien qu’ils présentent des points de vue opposés.

Antigone croit pleinement en sa mission alors qu’elle essaie d’accomplir les derniers rites funéraires pour son frère bien-aimé. Créon croit également qu’il défend Thèbes en refusant d’honorer un traître. Les deux parties ont ce qu’elles considèrent comme des points valides et justes, soutenus par les dieux eux-mêmes. Les Choragos respectent à la fois la passion d’Antigone pour honorer sa famille et la place de Créon en tant que roi et agissent comme l’équilibre entre les deux extrêmes, donnant de la profondeur au scénario et fournissant des nuances de gris à une présentation autrement en noir et blanc.

La première apparition du Refrain

Le refrain d’Antigone apparaît pour la première fois après la scène d’ouverture. Antigone et Ismène ont ouvert la pièce en complotant pour enterrer Polynices. Antigone poursuit sa mission dangereuse et Ismène craint pour la sécurité et la vie de sa sœur alors qu’elle défie le roi. Alors que le roi célèbre la défaite des Polynices traîtres, ses nièces conspirent pour honorer leur frère mort, contre sa volonté et son décret. La première des odes chorales d’Antigone est une célébration de louange pour le victorieux Étéocle. Il y a une brève complainte pour les frères:
“Car sept capitaines aux sept portes, appariés contre sept, ont laissé le tribut de leurs panoplies à Zeus qui tourne la bataille; sauf ces deux d’un destin cruel, qui, nés d’un père et d’une mère, ont opposé l’un à l’autre leurs deux lances conquérantes, et partagent une mort commune.”

Le chœur continue ensuite à appeler à la célébration de la victoire de Thèbe, faisant appel au dieu de la célébration et de la débauche, Bacchus. Le conflit est terminé, les frères belligérants sont morts. Il est temps d’enterrer les morts et de célébrer la victoire et de reconnaître le nouveau leadership de Créon, oncle et roi légitime maintenant que les héritiers mâles d’Œdipe sont morts.
“Mais puisque la Victoire d’un nom glorieux nous est venue, avec joie sensible à la joie de Thébé dont les chars sont nombreux, jouissons de l’oubli après les guerres tardives, et visitons tous les temples des dieux avec des danses et des chants nocturnes; et que Bacchus soit notre chef, dont la danse secoue le pays de Thébé.”

Il n’y a pas de pensée de vengeance dans le refrain. Il n’y a que Créon lui-même qui semble haïr les Polynices tant il est prêt à lui refuser l’honneur de sa position, même dans la mort. Les pensées de célébration sont interrompues par Créon lui-même. Il entre, après avoir appelé à une réunion des anciens et des dirigeants de la ville pour faire une annonce.

Il affirme que
“Etéocle, qui est tombé en combattant pour notre ville, en toutes armes, sera enseveli et couronné de tous les rites qui suivront les morts les plus nobles jusqu’à leur repos. Mais pour son frère, Polynice, – qui revenait d’exil, et cherchait à consumer par le feu la ville de ses pères et les sanctuaires des dieux de ses pères, – cherchait à goûter au sang apparenté, et à conduire le reste à l’esclavage; – touchant cet homme, il a été proclamé à notre peuple que personne ne l’honorera de sépulture ou de complainte, mais ne le laissera pas enseveli, un cadavre pour les oiseaux et les chiens à manger, un spectacle horrible de honte
Tel l’esprit de mon commerce; et jamais, par acte de ma part, le méchant se tiendra-t-il en honneur devant le juste; mais celui qui a de la bonne volonté à Thèbes, il sera honoré de moi, dans sa vie et dans sa mort.”

Le roi Créon et les Choragos

Il y a un petit point de justice que Créon néglige dans sa quête de pouvoir. Étéocle et Polynices devaient alterner au pouvoir à Thèbes. Lorsque l’année de règne d’Étéocle fut terminée, il refusa de donner la couronne aux Polynices, ce qui amena le frère déchu à rassembler une armée et à venir contre Thèbes.

Le traitement disparate de Créon des deux frères montre un favoritisme évident. Bien que dans Œdipe, il ait affirmé qu’il ne voulait pas gouverner, Créon commence à gouverner en prenant un décret qui valide le règne d’Étéocle et fait honte à Polynice d’avoir essayé de se dresser contre son frère. C’est un avertissement clair à quiconque contesterait la place de Créon en tant que roi. Les odes d’Antigone révèlent la réponse des anciens et des dirigeants de la ville, fournissant une feuille pour le comportement de Créon et révélant comment son règne est perçu par le peuple de Thèbes.

Créon a précisé le mandat, et maintenant il appelle les Choragos et le chœur à le soutenir dans son règne. Les anciens répondent qu’ils maintiendront son droit en tant que roi de prendre tout décret qu’il estime nécessaire pour le bien de Thèbes. Il est clair qu’ils veulent la paix et sont prêts à pacifier même un dirigeant déraisonnable pour maintenir la paix et empêcher d’autres effusions de sang.

Ils ne comptaient pas sur la rébellion d’Antigone. Ce n’est qu’après que son acte est révélé par la garde que le Chef ose s’élever contre le jugement sévère de Créon, disant
” Ô roi, mes pensées chuchotent depuis longtemps, cet acte peut-il, peut-être, être l’œuvre des dieux ?”

Créon répond que les dieux n’honorent pas le méchant et menace qu’ils encourent sa colère s’ils osent parler contre sa décision. Le Refrain répond par ce qu’on appelle communément l’Ode à l’Homme, un discours qui parle de la lutte de l’homme pour vaincre la nature, peut-être un avertissement à Créon sur son orgueil et la position qu’il prend en défiant les lois des dieux.

Le dilemme des Choragos : Pacifient-Ils le Roi ou Vont-Ils Contre les Dieux ?

Le rôle de Choragos dans Antigone est d’alerter Créon contre son orgueil insensé. Ils marchent sur une ligne mince, voulant à la fois honorer les souhaits du roi et étant incapables d’aller à l’encontre du naturel

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loi des dieux. Lorsque Antigone est amenée prisonnière par les gardes, pour faire face à Créon pour son crime, ils expriment leur consternation devant sa “folie.”Même alors, ils ne parlent pas contre Créon exécutant son verdict contre elle, bien qu’ils essaient faiblement de la défendre:

“La servante se montre une enfant passionnée de père passionné, et ne sait pas plier devant les ennuis.”

Cette déclaration des Choragos est plus cryptique qu’une simple déclaration sur le personnage d’Antigone. C’est un rappel à Créon que son père était l’ancien roi de Thèbes et un héros pour le peuple. Bien que le règne d’Œdipe se soit terminé par une tragédie et une horreur, il a sauvé la ville de la malédiction du Sphinx, et sa mémoire est toujours honorée parmi le peuple. Mettre Antigone à mort est susceptible d’être considéré comme l’acte d’un roi cruel et impulsif, et Créon agit sur un mince point de justice s’il insiste pour exécuter son décret déjà sévère.

Lorsque Ismène est mise en évidence, le Chœur la désigne comme une “sœur aimante”, ce qui renforce le fait que ce sont des femmes qui ont des raisons d’exprimer leur loyauté dans leurs actions. Ce n’est que lorsque Créon, se disputant avec Antigone et Ismène, insiste sur l’exécution, qu’ils remettent en question ses actions, lui demandant s’il a l’intention de priver son fils de son épouse.
Créon double la mise, insistant sur le fait qu’il ne fera pas épouser à son fils une femme qui se dressera contre ses ordres. Le chœur déplore ceux qui se dresseraient contre les dieux, en parlant de la malédiction générationnelle qui a continué depuis Laius:

” Ton pouvoir, ô Zeus, quelle intrusion humaine peut limiter? Cette puissance que ni le Sommeil, ni le piège, ni les mois inlassables des dieux ne peuvent maîtriser; mais toi, un souverain à qui le temps n’apporte pas la vieillesse, habite dans la splendeur éblouissante de l’Olympe.”

La chute de Créon Était de Sa Propre Responsabilité

À ce stade, le Chœur est clairement impuissant à changer le cours de l’action ou le destin de Créon. Ils sont simplement des narrateurs, regardant les événements se dérouler. Le refus de Créon d’écouter la raison le condamne à souffrir sous la colère des dieux. Alors qu’Antigone est menée à son destin, ils se lamentent de son sort, mais blâment aussi son tempérament et sa folie.
“L’action respectueuse réclame certains éloges pour la révérence, mais une offense contre le pouvoir ne peut être portée par celui qui a le pouvoir dans sa garde. Ton tempérament volontaire a causé ta ruine.”

Ce n’est que lorsque la dispute de Tirésias avec Créon brise enfin son refus obstiné d’entendre la raison pour laquelle ils parlent fortement, l’exhortant à aller immédiatement libérer Antigone du tombeau. Au moment où Créon agit sur leurs bons conseils, il est trop tard. Antigone est morte, et Haemon, son fils unique, tombe sur sa propre épée. En fin de compte, le Refrain est inefficace pour sauver Créon de son propre orgueil.

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