Une Introduction: Vivre le Mystère de l’Amour Miséricordieux

Cet article est extrait de Vivre le Mystère de l’Amour Miséricordieux: 30 Jours avec Thérèse de Lisieux par Anthony Lilles et Dan Burke.

Vous avez entre les mains une retraite de trente jours qui peut – et va — changer votre vie. Nous ne vous proposons pas de passer trente jours de repos dans une grotte quelque part. Ce serait contraire à l’esprit de sainte Thérèse. Au lieu de cela, nous proposons que pendant trente jours vous invitiez Dieu au milieu de votre labeur quotidien et que, par la sagesse de Sainte Thérèse, vous exploriez les voies qu’Il désire vous rencontrer dans votre vie quotidienne et dans votre labeur et vous conduisiez au ciel à travers elle.

L’Acte d’Oblation à l’Amour Miséricordieux et des extraits de vingt-neuf lettres rédigées par Sainte Thérèse de Lisieux sont disposés ici pour trente méditations au jour le jour. Cet exercice spirituel vise à vous préparer à renouveler chaque jour l’Acte d’Oblation à l’Amour Miséricordieux. Au terme de cette retraite, nous espérons que cette offrande quotidienne de soi sera devenue partie intégrante de votre prière personnelle et que votre cœur découvrira le dynamisme de la Miséricorde Divine.

La vraie dévotion se nourrit de la vérité. À cette fin, chacune de nos trente méditations fait ressortir un aspect légèrement différent de l’Acte d’Oblation pour la considération et la prière. Au fur et à mesure, les beaux horizons de miséricorde que Thérèse partageait avec ses contemporains peuvent devenir les nôtres. Cet effort n’est pas simplement un exercice mental. L’instruction fournie dans ces pages suppose que la bataille pour le cœur est menée dans l’esprit. Nous cherchons dans l’enseignement spirituel de Sainte Thérèse une rencontre plus profonde et plus personnelle avec Dieu. Ses propres paroles aux membres de sa famille et à ses amis les plus proches fournissent le contenu mystagogique — la catéchèse spirituelle — de ces réflexions. Nous fournissons simplement un contexte théologique et mettons en évidence des détails autobiographiques qui mettent en évidence les implications de ses enseignements. En lui permettant de vous attirer dans les beaux horizons qu’elle a invités ses amis et sa famille à partager, elle vous préparera à l’imiter comme elle a imité le Christ — en vous offrant par amour, par amour et avec amour.

Qu’est-ce qu’une oblation ? Une oblation est un acte de se donner à Dieu dans un but sacré. Être une oblation à l’Amour Miséricordieux de Dieu signifie offrir sa propre vie à Dieu afin qu’à travers elle Sa Miséricorde puisse être révélée. Une oblation est plus qu’un acte momentané de dévotion ou un événement ponctuel. C’est un engagement de vie total. L’offrande est destinée à devenir un battement de cœur spirituel qui nous porte tout au long de la journée et que nous renouvelons à chaque occasion.

Sainte Thérèse a compris son oblation quotidienne comme un chemin vers la sainteté. Pour elle, c’était plus qu’une récitation de mots sur une page. Il décrivait toute une discipline de la vie. Elle fait son Oblation à l’Amour Miséricordieux parce qu’elle veut être une sainte. Son offrande de soi n’est rien d’autre qu’une participation à la sainteté du Christ pour le salut du monde. Si l’oblation de Thérèse est finalement ordonnée à la sainteté de Dieu, elle l’offre aussi dans un but plus immédiat : vivre un seul acte avec un amour parfait.

Elle s’offre à l’Amour Miséricordieux parce qu’elle veut montrer son amour en action, par amour et pour l’amour seul. Sainte Thérèse est bien consciente de ses propres motifs et insuffisances mêlés, mais ceux-ci ne sont pas au centre de son oblation. Au lieu de cela, son offrande se concentre sur le Dieu qui peut apporter à la perfection l’œuvre qu’Il a commencée si seulement les âmes s’abandonnent à Lui et font place à Son amour. Faire l’Oblation, c’est s’engager dans ce projet divin. Une telle offrande demande beaucoup de courage et de détermination, mais plus que cela, elle exige confiance et passion pour la Miséricorde de Dieu.

La miséricorde est l’amour transpercé au cœur par la détresse de l’autre. Dans la logique de la miséricorde, un acte d’amour parfait est offert lorsque rien ne nous retient de notre effort pour éliminer la misère de notre prochain et affirmer sa dignité. La dévotion à la Miséricorde Divine reconnaît comment l’amour excessif de Dieu pour nous L’a poussé à soulager la honte et l’aliénation que notre péché a apportées à nos vies.

Dans cette dévotion, Sainte Thérèse est profondément émue par un mystère profond. Elle sait que dans la toute-puissance et l’autorité de Dieu sur tous, Il connaît parfaitement les profondeurs de la misère humaine et le mystère du mal. La perfection de Dieu ne peut bloquer la tendresse et la compassion parfaites qu’Il offre à l’humanité. Mais à moins que nous ne nous prévalions librement de cet amour insondable, Il ne peut nous forcer à le recevoir. Ici, on commence à entrevoir l’immense mystère qui engloutit l’existence de Sainte Thérèse comme une goutte perdue dans un océan. Entre la tendresse que Dieu aspire à montrer l’humanité brisée et le mystère de la liberté dont Il dote chaque personne, Thérèse reconnaît une sorte d’angoisse divine : un amour qui aspire à être partagé mais qui est en quelque sorte frustré jusqu’à ce qu’il soit librement accepté. La détresse qu’elle perçoit ne constitue pas une faiblesse en Dieu, mais plutôt la proportion dramatique de Son amour parfait pour l’humanité.

Ces réflexions sur l’amour miséricordieux de Dieu nous aident à comprendre l’importance que sainte Thérèse accorde à l’oblation en son temps. Après l’occupation prussienne au XIXe siècle, beaucoup croyaient que Dieu avait abandonné la France parce que la France avait abandonné Dieu. En effet, avec la Révolution industrielle et la montée de la laïcité, les riches bénédictions de la foi, autrefois dominantes dans la culture européenne, ont maintenant diminué. Au lieu de cela, la préoccupation du succès matériel et des idéologies politiques définissait la perception de soi des gens et dictait la façon dont ils passaient leur temps. Une Église démodée et moralisatrice semblait déconnectée de leurs préoccupations quotidiennes. L’indifférence ecclésiale, voire la défensive face aux pressions de la vie moderne, ne font que confirmer ces impressions populaires.

Parmi beaucoup de pieux, il y avait une volonté de redresser la position de la France auprès de Dieu. Certains religieux se sont offerts à la justice divine dans le but de réparer les péchés de leurs compatriotes contre Dieu. Leur effort était de combler le fossé entre les exigences de la justice divine et la piété médiocre de leurs contemporains en faisant des actes pénitentiels sensationnels et des sacrifices au nom des impies. Par-dessus et contre cet effort, Sainte Thérèse reconnaît explicitement qu’elle n’était pas capable de ce genre d’exploit spirituel. Elle semble avoir eu l’intuition d’une hubris inhérente à cette approche qui manquait d’un authentique esprit de réparation et d’intercession. Le problème n’était pas que le monde était injuste ou rempli de misère — il l’était tragiquement et l’est encore plus tragiquement aujourd’hui. Son génie saint était de voir le problème plutôt comme un manque d’humble ouverture dans l’Église aux grâces que Dieu aspirait à donner.

Certains tentent de rechercher l’union avec Dieu par de grands actes de piété, des réalisations spirituelles et des réalisations religieuses. Bien que ces efforts ne soient pas intrinsèquement mauvais, ils nuisent à la vie spirituelle dans la mesure où ils nous orientent vers l’autosuffisance et le manque de dépendance vis-à-vis du Seigneur. C’est une quête de justice animée par une dangereuse attente de retour sur investissement personnel. Dans sa pire expression, cela revient à traiter Dieu comme un distributeur automatique divin. Je mets mon quartier et j’attends de voir si Dieu me donne ce que je veux. Cette attitude ne nous rend pas humbles et vulnérables à la volonté du Seigneur et peut même nous éloigner de l’obéissance que ses bénédictions exigent.

Sainte Thérèse fait le point de départ de son offrande de soi sa double conscience de sa propre insuffisance et de l’immense désir de se donner à Dieu. Sa conscience de l’insuffisance la place dans une posture humble devant le Seigneur. Son immense désir de consoler l’amour miséricordieux de Dieu lui donne confiance en ce qu’Il peut faire dans sa vie. Elle sait que seul Dieu pouvait mettre de si beaux désirs en elle et à cause de Sa grande bonté, Il ne susciterait jamais aucun désir, sauf ceux qu’Il a l’intention d’accomplir. Dans le désir de faire quelque chose de beau et purement pour Lui — non pas malgré sa faiblesse mais au milieu de celle—ci – elle trouve des raisons d’espérer qu’elle pourra Lui faire une offrande d’elle-même.

Rue. Thérèse croyait qu’il était possible d’être un instrument vivant de l’amour miséricordieux de Dieu dans le monde, surtout pour ceux qui ont le plus besoin de la miséricorde du Seigneur, parce qu’Il l’a fait. Dans ce mystère de Son rejet et de Son humiliation, le Seigneur nous a fait de la place pour participer à Son œuvre de miséricorde. En ce lieu, notre misère et la misère du Christ, Ses peines et nos peines, coïncident. L’oblation de Sainte Thérèse exprime sa décision de se tenir aux côtés du Seigneur dans ce lieu sacré en portant ses propres peines avec foi et au milieu d’elles en choisissant d’aimer comme Lui.

Elle a découvert par cette solidarité que la puissance secrète de Dieu était à l’œuvre, accomplissant de grandes merveilles dans la vie de ceux pour qui elle s’est offerte. C’était comme si ses faibles efforts pour s’abandonner à la miséricorde de Dieu permettaient au Seigneur de faire de grandes choses. De cette manière, elle était convaincue que son propre amour au milieu des épreuves difficiles soulageait la misère du Christ d’une manière bien réelle, bien qu’imparfaite. Ses efforts fragiles mais répétés ont permis au Seigneur de faire quelque chose de beau. L’amour qui la pousse à s’offrir à l’Amour Miséricordieux informe la sagesse spirituelle qu’elle doit partager avec l’Église aujourd’hui.

Les écrits de ce Docteur de l’Église sont remplis d’éclairages puissants sur le mystère inépuisable de la Miséricorde Divine. Nos réflexions sur les paroles de Sainte Thérèse tentent de mettre en évidence ses idées d’une manière qui évoque le dévouement radical à l’Amour Miséricordieux qu’elle a elle-même embrassé. Comme méthode d’utilisation de ce travail dans la prière, plutôt que de lire plusieurs chapitres en une seule séance, nous vous invitons à lire dans la prière l’un des passages sélectionnés de St. Les lettres de Thérèse puis la réflexion que nous apportons chaque jour. Après avoir lu le passage et la réflexion, soulignez les phrases qui vous frappent. Ensuite, prenez au moins quelques minutes en silence pour examiner ces vérités. Si le Seigneur vous transperce au cœur par la sagesse de ce grand saint, prenez un moment pour Le remercier de cette grâce et du don de Sainte Thérèse. Si votre cœur atteint une résolution sur votre mode de vie, pensez à l’écrire pour pouvoir y revenir tout au long de la journée. Enfin, pour sceller ce temps de prière, nous vous invitons à prier intentionnellement l’Acte d’Oblation à haute voix à la fin de chaque méditation pour vous préparer à la mission de Miséricorde Divine que le Seigneur vous a confiée pour ce jour-là.

Sainte Thérèse de Lisieux veut vous aider à devenir sainte. Ses lettres ont été écrites pour aider ceux qu’elle aimait à réaliser cet objectif. Périodiquement tout au long de ces trente jours, nous vous encourageons à revoir votre journal et à réfléchir à la façon dont le Seigneur vous parle à travers cet exercice spirituel. Vous pourriez faire des découvertes sur la volonté de Dieu à apporter à votre directeur spirituel ou à discuter avec un ami spirituel. Nous espérons que les entrées que vous développerez dans votre journal — que ce soit vos propres idées ou les résolutions que vous vous sentez incité à prendre – deviendront une partie importante de l’histoire de votre âme, un encouragement pour vous-même ainsi que pour ceux que vous aimez.

Nous croyons que ceux qui permettront à Sainte Thérèse de leur apprendre à faire de cette oblation une partie de leur vie quotidienne de prière découvriront une guérison spirituelle pour eux-mêmes et pour leurs proches. Une indulgence a été attachée à cette prière dès 1927. Cela signifie que chaque fois que cette oblation est offerte avec une dévotion sincère, soit pour soi-même, soit pour quelqu’un qui nous a précédés dans la foi, le Christ utilise cette prière pour aider à guérir les blessures que le péché a causées. Les autres conditions de l’indulgence comprennent la confession, la communion et la prière pour les intentions du Saint-Père. En plus de la grâce merveilleuse offerte par l’Église, à la fin de cette période de prière de trente jours, nous espérons que vous remarquerez une inclination plus profonde à passer du temps avec le Seigneur en silence et à étendre l’amour miséricordieux de Dieu aux autres dans le cadre de votre vie quotidienne longtemps après avoir achevé ces réflexions.

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