La Philosophie de Jean-Paul Sartre

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Jean-Paul Sartre (1905-1980) fut un intellectuel modèle pour le XXe siècle. Penseur aux multiples talents, il a non seulement créé plusieurs systèmes philosophiques, mais a également écrit des romans et des pièces de théâtre majeurs, des essais sur la théorie littéraire et la critique d’art, ainsi que des biographies méthodologiquement innovantes. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1964, qu’il a refusé. En outre, il a été la voix majeure de l’existentialisme, un mouvement qui a dominé la pensée européenne de 1943 à 1955, et il a contesté les théories dominantes de son époque: refonder le marxisme de l’intérieur et réviser l’approche de Freud pour comprendre les personnes – passant d’une analyse déterministe à une analyse téléologique qui traite les personnes comme des agents auto-constitutifs. Il s’est également efforcé d’influencer le cours des événements internationaux par son analyse politique et son activisme, par exemple il s’est opposé aux guerres d’Algérie et du Vietnam. Enfin, au sein de la philosophie, il a abordé avec perspicacité pratiquement toutes les questions concernant la nature et la vie quotidienne des êtres humains. Bien que connu pour sa défense de la liberté et de la responsabilité humaine, son travail est peut–être mieux compris comme explorant les relations entre les individus et leurs environnements – l’être brut, la nature, la technologie, la famille, les autres personnes, les groupes et l’histoire. Il offre ainsi une image complète de la vie humaine telle qu’elle est vécue.

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Son travail peut être divisé en trois périodes générales: phénoménologie existentielle (1934-56), analyse dialectique des groupes et de l’histoire (1957-70) et exploration de l’expérience historique vécue (1971-80).

Vie

En 1937-40, Sartre publie ses premiers essais philosophiques ainsi que son premier roman, Nausea. Il a servi dans l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale, mais son rôle lui a permis de continuer à développer ses idées philosophiques.Finalement, il est devenu prisonnier de guerre – enseignant les théories de Heidegger à ses codétenus. Il s’évade et revient à Paris, publiant son premier traité majeur, L’Être et le Néant, en 1943 et popularisant ses idées dans ses pièces No Exit et Les Mouches et la trilogie narrative Les Routes de la Liberté (L’Âge de Raison, Le Sursis et Le Sommeil troublé). Avec la libération, sa version de l’existentialisme domine la pensée française. En 1945, il fonde Les Temps moderne, la revue dans laquelle beaucoup de ses essais paraissent pour la première fois. Il a esquissé une éthique préliminaire dans “L’existentialisme est un humanisme” et Qu’est-ce que la littérature?

De 1946 à 1955, Sartre a écrit plusieurs ” biographies existentielles “, dont la plus importante est Saint Genet, qui a examiné les relations entre le bien et le mal. Sartre a appliqué sa “psychanalyse existentielle ” dans ces biographies. Son but est de découvrir le projet fondamental du sujet (celui qui intègre tous les autres) et comment il change au fur et à mesure que la personne rencontre des situations récalcitrantes. De 1946 à 1973, Sartre a engagé un long dialogue avec le marxisme. Cet effort aboutit à son deuxième traité philosophique majeur, la Critique de la Raison dialectique (1960). Dans ce travail, il a révisé sa compréhension de la façon dont les individus sont liés au monde pratique et à l’histoire, et a développé une compréhension originale de la structure dynamique et de l’agence historique des groupes humains. Le deuxième volume examine si l’histoire peut atteindre une résolution même partielle si elle contient des conflits toujours présents. Sartre a poursuivi son analyse politique des événements contemporains tout au long de cette période, devenant progressivement plus actif et prenant de plus en plus de risques. Son appartement a été bombardé à plusieurs reprises.

Son dernier grand projet était l’Idiot de famille de 3 000 pages. Ici, il a analysé à la fois une période historique particulière et le développement individuel de Gustav Flaubert. Ce travail intègre ses théories précédentes et développe de nouveaux concepts – élargissant ses théories du langage et de l’écriture. Sartre a perdu sa capacité de voir en 1973, mais a continué à donner des interviews, à discuter d’idées et à lui faire lire de nouveaux livres. Il a collaboré avec Benny Levi sur une dernière œuvre, intitulée Hope Now (1991). Sartre est décédé en 1980; ses funérailles ont attiré une procession populaire massive (de dizaines de milliers) à travers Paris, ce qui a rarement été vu auparavant et ne sera peut-être jamais revu.

Phénoménologie existentielle

La phénoménologie est l’étude des structures essentielles de l’expérience. Sartre a développé une phénoménologie existentielle, qui décrit ces structures telles qu’elles sont vécues. Sartre a d’abord examiné les émotions (dans Emotions: Outline of a Theory, 1939), l’imagination (dans La Psychologie de l’Imagination, 1940) et le soi (dans La Transcendance de l’Ego, 1937). Il prétend que les émotions sont des tentatives magiques pour atteindre nos objectifs qui abandonnent les exigences pratiques du monde. Il distingue les sentiments, qui sont des intensités momentanées accrues, des émotions, qui intègrent de manière significative le comportement, la croyance et la fantaisie. Il distingue également les sentiments des humeurs, qui transcendent le moment et nécessitent un acte de conscience réfléchie pour être produit et soutenu (considérez la différence entre ressentir un recul momentané et tomber dans la dépression). Parce que les émotions sont des tentatives de contourner par magie les exigences pratiques et parce qu’elles sont intentionnelles, Sartre prétend que nous sommes responsables de nos vies émotionnelles.

Sartre pense que l’imagination est une capacité fondamentale de la conscience. Il transcende la situation donnée en envisageant des alternatives à celle-ci. Parce que l’action choisie exclut diverses alternatives, l’imagination est une condition préalable au choix, à l’action et à la responsabilité. Les faits donnés de la situation ne peuvent jamais complètement déterminer ou exclure des choix. Cela signifie que l’on est responsable de tels choix. Sartre explore également les différences entre percevoir et imaginer: on peut apprendre davantage d’un objet perçu en regardant, mais l’objet imaginé intègre déjà sa connaissance de celui-ci. De plus, l’objet perçu offre une résistance à sa volonté, tandis que l’objet imaginé peut être modifié avec ses caprices.

Sartre complète ces premières études par un examen du moi psychique, souvent considéré comme la source des états mentaux. Il fait la distinction entre la conscience pré-réfléchissante et la conscience réfléchissante. La conscience préréflective est directement focalisée sur son objet, est absorbée dans les tâches et ne possède que la compréhension indirecte la plus regardante d’elle-même. La conscience réfléchie est une forme dépendante et de second ordre, n’existant que lorsque la conscience tente de s’observer directement (de manière introspective ou rétrospective). Ce faisant, il synthétise des consciences fugaces et discrètes en unités illusoires, puis suppose que ces fictions existaient avant ses opérations. La conscience réfléchie se dote ainsi de passivité, interprétant la conscience comme un résultat produit par les “forces intérieures”.” Cependant, il existe un type de réflexion – que Sartre qualifie de ” pure ” et sur lequel repose finalement toute sa position – qui échappe à ces fabrications illusoires et révèle la conscience telle qu’elle est. La plupart des affirmations de Sartre dérivent de ce type d’auto-révélation purifiée. Sartre démontre l’importance de cette distinction pré-réfléchissante /réfléchissante en montrant que le moi psychique n’est qu’une créature de conscience réfléchissante, qu’il n’existe pas du tout dans la vie pré-réfléchissante. Il n’apparaît que lorsque l’on tente de prendre le point de vue de l’autre sur soi–même – une manière différente de comprendre l’expérience de la réflexion. En effet, toute la panoplie de dispositions et d’états intérieurs que les gens se prennent à posséder ne sont que des inventions de réflexion impure. Sartre suggère également que l’influence causale de tels états sur le comportement est illusoire. Lorsque l’on fait la transition vers une réflexion purifiée, ces unités fausses et auto-créées se dissolvent et la contingence et la spontanéité de la conscience sont révélées.

Sartre résume ces découvertes dans son roman le plus célèbre, Nausée, qui efface les illusions protectrices de la réflexion impure pour révéler à la fois la conscience et l’être brut dans leurs états nus. Les rôles sociaux typiques, les valeurs acceptées, les traditions reçues, les concepts établis et même le langage lui-même cachent tous la qualité dynamique et transcendante de la conscience et le superflu brut et indifférent de l’être brut. La conscience se transcende parce que ses choix passés ne déterminent jamais son cours actuel; pour qu’un projet se poursuive, il doit être repris dans chaque situation qui le menace. L’anti-héros de Nausea, Roquentin, découvre la liberté radicale de Sartre – le sentiment que tout est possible – mais se rend compte que c’est un fardeau écrasant. Il subit également la dissolution du moi psychique, à la fois lorsque le sujet de son étude biographique refuse de se conformer à toute hypothèse plausible que Roquentin peut produire et lorsque Roquentin lui-même abandonne son propre projet d’organisation (l’écriture de la biographie). Cela l’oblige à faire l’expérience de la contingence et de la spontanéité de ses états conscients.

L’Être et le néant prolonge l’étude de Sartre des types de conscience et de leur rapport au monde, aux autres et à l’être brut. Il oppose deux types d’être : un type solide, complet, auto-identique et autosuffisant (objets inertes) et un type vide, incomplet, auto-divisé (conscience) qui parasite le premier type d’être tout en le transformant en objets et outils distincts en l’objectivant. Un troisième type d’être médiatise les personnes lorsqu’elles se définissent et s’utilisent les unes les autres ; c’est la création des autres mais se définit néanmoins soi-même. Il appelle celui-ci être pour les autres. C’est une preuve toujours présente de la liberté de l’autre car elle révèle une dimension de soi et du monde (les autres) que l’on ne peut finalement contrôler. On peut tenter d’influencer les jugements des autres sur soi de diverses manières, mais rien ne garantit qu’ils réagiront de manière appropriée. Pour Sartre, cette expérience de l’objectivation articule la réalité vécue des autres, qui est plus fondamentale que la connaissance objectivante d’eux.

Sartre suggère que la division interne de la conscience produite par la réflexion est une radicalisation de deux autres divisions internes. La première concerne une coupure toujours présente dans l’expérience résultant d’une conscience périphérique simultanée qui accompagne chaque acte de conscience, et la seconde concerne la temporalité vécue – l’écart entre le but futur et la situation présente. Car la conscience de Sartre est toujours la conscience focale de son objet et la conscience d’elle-même; cette conscience supplémentaire est suffisante pour s’assurer que la conscience ne peut jamais coïncider avec elle-même ; un vide (ou le néant) existe toujours en son cœur. Ainsi, lorsqu’elle est consciente d’un objet, la conscience est non focalement consciente (de) elle-même comme dirigée vers l’objet, et est donc divisée entre son foyer et sa compréhension accessoire de elle-même. Cet aspect non focal de la conscience devient dirigé et focal lorsque la conscience se transforme en réflexion, puis l’objet initial de la conscience originelle tombe dans la périphérie; ce n’est qu’une façon dont la réflexion modifie généralement (et pollue ainsi) l’acte qu’elle tente de clarifier. La deuxième division émerge en transcendant le présent vers le futur – en ouvrant une distance entre la situation actuelle et le but. Quand on atteint un objectif, alors un autre projet émerge et une autre distance temporelle s’ouvre. Cette poussée vers le futur produit l’expérience vécue de l’écoulement du temps.

Sartre développe des catégories supplémentaires pour analyser les personnes, par exemple “facticité” et “transcendance.” Des éléments de sa facticité sont inévitablement donnés; il n’est pas nécessaire de les soutenir pour qu’ils continuent, par exemple le fait que l’on va mourir, qu’on a un passé, qu’on doit se trouver quelque part et qu’on a des définitions sociales spécifiques. Les éléments de sa transcendance sont choisis, et il faut les maintenir à plusieurs reprises pour qu’ils continuent, par exemple ses projets, ses valeurs, sa position envers le passé, son attitude face à la mort, son choix de vivre ici plutôt qu’ailleurs, et sa réponse aux définitions sociales qui lui sont données. Les personnes transcendent toujours les données de la situation, imaginent des alternatives et en choisissent une sur la base de valeurs. Les valeurs elles-mêmes sont choisies et n’ont pas de statut objectif. Les personnes soutiennent des valeurs en s’engageant dans les actions particulières qui les réalisent.

Lorsque les gens réalisent toute l’étendue de leur liberté et de la responsabilité qui en découle pour leur vie, ils cachent généralement cette conscience par l’auto-tromperie (ou “mauvaise foi”), qui nie et affirme paradoxalement la même condition. Sartre explore les types d’auto-tromperie. Les personnes possèdent à la fois facticité et transcendance. Si l’on nie l’une ou l’autre dimension, on se trompe soi-même. Si l’on nie un avenir ouvert pour lequel on doit faire des choix ou un passé déterminé dont on a la responsabilité, alors on se trompe de soi. De même, si l’on prend l’un ou l’autre facteur pour fonctionner comme l’autre, on se trompe soi-même. Si, par exemple, on prend le futur pour être fixé ou le passé pour être complètement ouvert à l’interprétation, alors on se trompe. D’autres exemples de cette dualité de facticité et de transcendance incluent le fait que l’on est un sujet pour soi et un objet pour les autres, que l’on fait partie de la nature tout en la transcendant toujours, que l’on existe passivement incarné mais qu’on utilise toujours le corps pour réaliser des projets. L’authenticité sartréenne exige que l’on fasse face et reconnaisse cette double condition.

Le “regard” que les autres dirigent sur l’un crée une définition sociale pour soi-même. Pour les autres, on est “ringard” ou “maigre” ou “impétueux” ou “sexy.”Bien que l’on puisse contester de telles évaluations, elles ont une réalité sociale inévitable. Parce que les jugements et les actions de l’autre définissent l’un, on cherche constamment à contrôler ces jugements et à limiter ces actions. On peut le faire de deux façons: soit en dominant constamment les autres pour qu’ils ne puissent pas retourner le regard (confrontation), soit en s’affichant d’une manière qui séduit les autres à le voir comme on veut être vu (assimilation). Aucune des deux approches ne réussit parce que la subjectivité des autres ne peut finalement pas être contrôlée. La tentative même de dominer les autres révèle leur indépendance soit parce qu’ils peuvent toujours récupérer et contourner leur domination, soit parce qu’ils peuvent rester insensibles à leurs séductions.

Pour Sartre la liberté existe toujours dans les limites d’une situation définie. Ces contraintes rendent la liberté possible et significative. Mais la situation ne détermine jamais ses choix. Même les obstacles les plus durs – la menace d’une arme ou la prison – n’empêchent pas le choix de la réponse (on peut essayer de désarmer l’assaillant ou de s’échapper de prison). De plus, les choix spécifiques sont généralement des enrichissements de choix plus généraux, que Sartre appelle “projets.”Le projet de devenir enseignant exige que l’on termine un programme spécifique, et cela nécessite que de nombreux projets de niveau inférieur soient poursuivis. Au plus haut niveau se trouvent ses projets fondamentaux ; la tâche de la psychanalyse sartréenne est de les découvrir et de les classer. Sartre pense que les gens sont mal conscients de leur projet fondamental. Bien qu’ils puissent être incapables de l’énoncer, ils peuvent le reconnaître lorsqu’ils sont énoncés par d’autres. Sartre cherche à comprendre l’action téléologiquement en se référant à ses buts; les explications causales ne peuvent même pas commencer tant que les buts de l’action à expliquer ne sont pas connus.

À la fin de l’Être et du Néant, Sartre promet une éthique où l’authenticité est une notion centrale. Être authentique implique de reconnaître et d’embrasser sa liberté et ses implications. Ainsi, dans Les Mouches, il suggère trois conditions nécessaires à l’authenticité: engager la situation (plutôt que d’y rester indifférent), choisir explicitement ses réponses (plutôt que d’adopter un choix que l’on n’approuve pas vraiment) et en assumer la responsabilité à l’avenir (plutôt que de nier ou d’éviter la responsabilité). Le héros de la pièce, Oreste, illustre ces conditions de manière spectaculaire. Dans ” L’existentialisme est un humanisme “, Sartre suggère que les personnes portent la responsabilité de toute l’humanité car, en agissant, elles offrent des modèles à imiter pour tous. Sartre souligne également que le monde est humain car aucun Dieu n’existe pour lui fournir un dessein transcendant ou pour offrir un soutien indubitable aux valeurs. Le monde historique et les valeurs qui l’informent sont entièrement créés par les personnes et leurs choix. Il suggère également que les personnes se créent par leurs choix (plutôt que de posséder une essence prédéterminée) et que les règles abstraites ne peuvent jamais rendre justice à la complexité situationnelle à laquelle les gens sont confrontés dans la pratique. Enfin, il soutient que la liberté étant la source de toute valeur possible, elle fonctionne comme une méta-valeur, à respecter à tout prix.

Sartre continue d’élaborer son éthique dans Qu’est-ce que la Littérature ? et Cahiers pour une éthique (publiés à titre posthume). Il utilise la relation auteur-lecteur pour clarifier le type de réciprocité qu’il pense possible entre les personnes. L’entreprise de l’écrivain fait appel à la liberté du lecteur ; le lecteur doit constituer l’objet littéraire pour qu’il existe. De même, le lecteur fait appel à la liberté constitutive de l’écrivain dans le processus de lecture, faisant confiance à l’auteur pour produire un texte cohérent. Chacun entretient une confiance et une générosité les uns envers les autres. De plus, l’écriture / la lecture soulignent à quel point chaque personne est responsable du monde simplement en le divulguant / en le révélant. La créativité incarnée par l’écriture / la lecture exprime une créativité plus fondamentale opérant dans la perception et l’action. Sartre veut étendre ce modèle de réciprocité, de générosité et de créativité à toutes les relations sociales et à l’histoire. Dans les deux des douze Cahiers qui subsistent, Sartre examine le processus de conversion à un mode de vie plus authentique. Le moment central de la conversion est l’abandon de l’aspiration fondamentale à être Dieu (fondement de sa propre liberté) et l’acceptation de sa contingence. Cela oblige à voir toutes les valeurs comme des créations humaines faillibles, plutôt que comme des absolus qui hantent et terrorisent l’activité humaine. La conversion surmonte l’aliénation en objectivations illusoires de nous-mêmes produites par les autres et notre propre désespoir. Il découvre les valeurs de la subjectivité: passion, plaisir de l’instant, critique, création et générosité. Il comporte également un élément social en ce sens qu’il reconnaît que les projets de chacun font appel aux actions des autres pour maintenir et poursuivre ces projets ou indiquent explicitement leurs défauts. Son idéal social ultime est un royaume de fins qui est poursuivi comme un projet historique, qui guide l’action politique, et qui est poursuivi de concert avec d’autres agents cherchant à soutenir la conversion à l’authenticité que chacun a obtenue.

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Analyse dialectique de la relation personne-monde (1956-70)

La Critique de la Raison dialectique de Sartre, volumes 1 et 2, son deuxième grand système philosophique, établit une relation plus dialectique entre les personnes et leurs environnements et examine les conditions préalables à l’action historique dans la formation de divers types de groupes sociaux. Il développe également les outils à travers lesquels les périodes de l’histoire peuvent être analysées dans toute leur complexité. Le livre est introduit par un long essai, “Recherche d’une méthode”, qui clarifie la méthode progressive–régressive, qui à son tour est appliquée dans l’idiot familial. La phase régressive analyse tous les facteurs complexes de l’ère historique auxquels les individus doivent répondre, tandis que la phase progressive reconstitue l’unité et le développement de leurs projets au fur et à mesure qu’ils négocient ces facteurs à travers le temps. Ainsi, la méthode a un moment analytique et un moment synthétique. Les facteurs importants de la situation historique comprennent les traditions et les institutions existantes, les relations familiales spécifiques, un niveau de technologie distinct, un système de classe et des idéologies concurrentes. Chaque facteur offre des possibilités et des limites à l’action historique.

Sartre interprète maintenant les relations humaines avec la nature, la technologie, les autres individus et les groupes sur le modèle d’un échange dans lequel les caractéristiques structurelles de ces “environnements” sont intériorisées à mesure que les projets de la personne sont extériorisés. Le monde est ainsi donné son caractère par l’action humaine, mais les acteurs humains sont également contraints et façonnés par les caractéristiques existantes du monde, dont beaucoup ont été créées par des actions humaines passées. Les caractéristiques contingentes de l’ère actuelle fixent des limites à la réalisation historique, mais les actions de groupe actuelles donnent une orientation à l’histoire future. Sartre ne voit aucune garantie de progrès historique, mais dans le deuxième volume de la Critique, il montre que les conflits entre groupes ne conduisent pas nécessairement à une impasse historique. Il pense que les gens agissent historiquement à travers l’appartenance à des groupes, et que chaque groupe crée une identité sociale pour ses membres à travers ses structures, ses dynamiques et ses activités.

Deux contributions uniques de ces livres sont la reconsidération par Sartre du rapport d’une personne à la technologie et son analyse de la vie de groupe. La technologie n’est qu’une matière façonnée par les efforts des générations précédentes pour réaliser leurs propres objectifs, mais les outils qui en résultent conservent leurs liens avec de tels objectifs, de sorte que les personnes actuelles réaniment ces objectifs passés en utilisant les outils, même si elles ne le réalisent pas. Les conséquences involontaires de l’action historique deviennent une préoccupation centrale pour Sartre dans ces œuvres. De plus, Sartre propose une nouvelle analyse ontologique du statut des groupes. Il rejette à la fois le point de vue selon lequel les groupes sont de simples conglomérats d’individus cherchant leurs propres fins et le point de vue selon lequel les groupes sont des ensembles organiques ontologiquement distincts qui ont leur propre vie qui détermine les actions des individus. Au lieu de cela, Sartre suggère qu’en participant à un groupe, les individus créent / imposent une sorte d’identité de groupe pour eux–mêmes et les autres membres du groupe – devenant des “individus communs” qui adoptent volontairement les objectifs du groupe et appliquent ses directives. Un groupe authentique a collectivement produit des objectifs, et se disperse et leurs environnements et examine les conditions préalables à l’action historique dans la formation de divers types de groupes sociaux. Il développe également les outils à travers lesquels les périodes de l’histoire peuvent être analysées dans toute leur complexité. Le livre est introduit par un long essai, “Recherche d’une méthode”, qui clarifie la méthode progressive–régressive, qui à son tour est appliquée dans l’idiot familial. La phase régressive analyse tous les facteurs complexes de l’ère historique auxquels les individus doivent répondre, tandis que la phase progressive reconstitue l’unité et le développement de leurs projets au fur et à mesure qu’ils négocient ces facteurs à travers le temps. Ainsi, la méthode a un moment analytique et un moment synthétique. Les facteurs importants de la situation historique comprennent les traditions et les institutions existantes, les relations familiales spécifiques, un niveau de technologie distinct, un système de classe et des idéologies concurrentes. Chaque facteur offre des possibilités et des limites à l’action historique. Sartre interprète maintenant les relations humaines avec la nature, la technologie, les autres individus et les groupes sur le modèle d’un échange dans lequel les caractéristiques structurelles de ces “environnements” sont intériorisées à mesure que les projets de la personne sont externalisés. Le monde est ainsi donné son caractère par l’action humaine, mais les acteurs humains sont également contraints et façonnés par les caractéristiques existantes du monde, dont beaucoup ont été créées par des actions humaines passées. Les caractéristiques contingentes de l’ère actuelle fixent des limites à la réalisation historique, mais les actions de groupe actuelles donnent une orientation à l’histoire future. Sartre ne voit aucune garantie de progrès historique, mais dans le deuxième volume de la Critique, il montre que les conflits entre groupes ne conduisent pas nécessairement à une impasse historique. Il pense que les gens agissent historiquement à travers l’appartenance à des groupes, et que chaque groupe crée une identité sociale pour ses membres à travers ses structures, ses dynamiques et ses activités. Deux contributions uniques de ces livres sont la reconsidération par Sartre du rapport d’une personne à la technologie et son analyse de la vie de groupe. La technologie n’est qu’une matière façonnée par les efforts des générations précédentes pour réaliser leurs propres objectifs, mais les outils qui en résultent conservent leurs liens avec de tels objectifs, de sorte que les personnes actuelles réaniment ces objectifs passés en utilisant les outils, même si elles ne le réalisent pas. Les conséquences involontaires de l’action historique deviennent une préoccupation centrale pour Sartre dans ces œuvres. De plus, Sartre propose une nouvelle analyse ontologique du statut des groupes. Il rejette à la fois le point de vue selon lequel les groupes sont de simples conglomérats d’individus cherchant leurs propres fins et le point de vue selon lequel les groupes sont des ensembles organiques ontologiquement distincts qui ont leur propre vie qui détermine les actions des individus. Au lieu de cela, Sartre suggère qu’en participant à un groupe, les individus créent / imposent une sorte d’identité de groupe pour eux–mêmes et les autres membres du groupe – devenant des “individus communs” qui adoptent volontairement les objectifs du groupe et appliquent ses directives. Un groupe authentique a collectivement produit des objectifs, et se disperse et leurs environnements et examine les conditions préalables à l’action historique dans la formation de divers types de groupes sociaux. Il développe également les outils à travers lesquels les périodes de l’histoire peuvent être analysées dans toute leur complexité. Le livre est introduit par un long essai, “Recherche d’une méthode”, qui clarifie la méthode progressive–régressive, qui à son tour est appliquée dans l’idiot familial. La phase régressive analyse tous les facteurs complexes de l’ère historique auxquels les individus doivent répondre, tandis que la phase progressive reconstitue l’unité et le développement de leurs projets au fur et à mesure qu’ils négocient ces facteurs à travers le temps. Ainsi, la méthode a un moment analytique et un moment synthétique. Les facteurs importants de la situation historique comprennent les traditions et les institutions existantes, les relations familiales spécifiques, un niveau de technologie distinct, un système de classe et des idéologies concurrentes. Chaque facteur offre des possibilités et des limites à l’action historique. Sartre interprète maintenant les relations humaines avec la nature, la technologie, les autres individus et les groupes sur le modèle d’un échange dans lequel les caractéristiques structurelles de ces “environnements” sont intériorisées à mesure que les projets de la personne sont externalisés. Le monde est ainsi donné son caractère par l’action humaine, mais les acteurs humains sont également contraints et façonnés par les caractéristiques existantes du monde, dont beaucoup ont été créées par des actions humaines passées. Les caractéristiques contingentes de l’ère actuelle fixent des limites à la réalisation historique, mais les actions de groupe actuelles donnent une orientation à l’histoire future. Sartre ne voit aucune garantie de progrès historique, mais dans le deuxième volume de la Critique, il montre que les conflits entre groupes ne conduisent pas nécessairement à une impasse historique. Il pense que les gens agissent historiquement à travers l’appartenance à des groupes, et que chaque groupe crée une identité sociale pour ses membres à travers ses structures, ses dynamiques et ses activités. Deux contributions uniques de ces livres sont la reconsidération par Sartre du rapport d’une personne à la technologie et son analyse de la vie de groupe. La technologie n’est qu’une matière façonnée par les efforts des générations précédentes pour réaliser leurs propres objectifs, mais les outils qui en résultent conservent leurs liens avec de tels objectifs, de sorte que les personnes actuelles réaniment ces objectifs passés en utilisant les outils, même si elles ne le réalisent pas. Les conséquences involontaires de l’action historique deviennent une préoccupation centrale pour Sartre dans ces œuvres. De plus, Sartre propose une nouvelle analyse ontologique du statut des groupes. Il rejette à la fois le point de vue selon lequel les groupes sont de simples conglomérats d’individus cherchant leurs propres fins et le point de vue selon lequel les groupes sont des ensembles organiques ontologiquement distincts qui ont leur propre vie qui détermine les actions des individus. Au lieu de cela, Sartre suggère qu’en participant à un groupe, les individus créent / imposent une sorte d’identité de groupe pour eux–mêmes et les autres membres du groupe – devenant des “individus communs” qui adoptent volontairement les objectifs du groupe et appliquent ses directives. Un véritable groupe a collectivement produit des objectifs et se distingue d’une simple série, dans laquelle chaque personne n’est qu’une parmi de nombreuses autres personnes liées numériquement, par exemple une file d’attente de films ou un public de diffusion. La sérialité est le degré zéro de la socialité; de véritables groupes émergent de cette condition sérielle.

La sociologie philosophique de Sartre distingue quatre types fondamentaux de groupes: les groupes fusionnés, les groupes promis, les organisations et les institutions. Un groupe fusionné est constitué de membres d’une série qui découvrent spontanément qu’ils ont un objectif commun, une découverte qui leur est souvent imposée par des menaces violentes. Le but vivant de ce groupe émerge progressivement à mesure que chaque personne réagit aux objectifs provisoires des autres; il n’y a pas de dirigeants, et le groupe est de courte durée à moins que ses membres ne s’engagent les uns envers les autres. Le groupe promis émerge lorsque les membres s’engagent explicitement à être loyaux, prennent les objectifs du groupe comme les leurs et appliquent ces engagements aux autres membres. Cette fonction d’application donne au groupe promis son unité – générant à la fois la peur et la fraternité.

L’organisation émerge lorsque différents membres du groupe assument des fonctions différentes, qu’ils peuvent exercer à distance les uns des autres. Puisque chacun contribue aux objectifs du groupe, chacun a une égalité fonctionnelle. À certains égards, l’organisation est la plus haute réalisation de l’unité et de la réciprocité du groupe, mais elle contient également les germes du type d’autorité différentielle et d’inégalité qui émerge pleinement dans les institutions. Une institution finit par perdre son unité et retourne dans la sérialité parce que ses dirigeants objectivent le reste du groupe, en faisant de simples instruments plutôt que de co-créer des sujets. Le militant s’efforce d’empêcher l’organisation de devenir une institution en réveillant les membres du groupe pacifié dans un sens plus actif de leurs rôles et responsabilités.

Ces quatre types de groupes constituent des paradigmes de la vie de groupe ; chaque groupe existe dans l’une de ces phases. Sartre pense que la plupart des groupes naissent de la sérialité, traversent une courbe vers la réciprocité totale et reviennent progressivement dans la sérialité lorsque les dirigeants et les dirigeants ne se reconnaissent plus comme ayant des objectifs communs.

Pour Sartre, l’histoire est créée par des groupes de toutes sortes, à tous les stades de développement. Les individus influencent l’histoire en participant à divers groupes. Le sujet de Sartre dans la Critique, volume 2, est de savoir si le conflit de groupe mène généralement dans une certaine direction, aussi chancelante soit-elle, ou s’il mène à l’impasse. Les individus, la plupart des groupes et l’histoire elle-même recherchent tous dynamiquement, mais n’atteignent jamais tout à fait, la pleine unité. Le fardeau du deuxième volume est de montrer que cela est vrai malgré les conflits. Sartre examine d’abord un conflit individuel (un match de boxe), puis un conflit en petit groupe, et enfin un conflit en grand groupe (la relation de Staline avec son propre parti). Il montre qu’une direction unificatrice émerge de chaque type de conflit. Chaque groupe répond ensuite à l’orientation générale découlant de ce conflit en s’y opposant ou en l’adoptant. Le but ultime de Sartre est une histoire produite conjointement par des individus, également et librement, qui choisissent tous authentiquement leurs actions et soutiennent réciproquement les choix de chacun.

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Expérience vécue et histoire : L’Idiot de famille (1971-80)

L’espace ne permet que le traitement le plus sommaire du dernier grand livre de Sartre, son étude biographique la plus ambitieuse, qui porte sur Flaubert. Il intègre tous les éléments sociaux et historiques que Sartre examine dans la Critique. L’objectif de Sartre est de comprendre non seulement Flaubert, mais aussi sa classe et son époque. Il montre comment comprendre quelqu’un si l’on a une documentation suffisante de la vie de la personne. Il cherche également à clarifier les options générales de Flaubert à chacun des moments cruciaux de sa vie afin de mieux comprendre ses choix spécifiques. Il montre comment Flaubert répond à chaque configuration spécifique de sa situation historique – le statut de sa famille, sa relation avec ses parents et son frère, l’idéologie de sa classe, la tradition romanesque dont il a hérité, etc. Il comprend ainsi le choix du projet fondamental de Flaubert et sa concrétisation dans la pratique de l’écriture de Flaubert. Il retrouve la même structure névrotique qui régit la psyché de Flaubert opérant dans les actions historiques collectives de la classe de Flaubert, ce qui permet à Flaubert d’écrire le roman déterminant de son époque, Madame Bovary.

Encore une fois, l’affirmation clé de Sartre est que les agents historiques se font à partir des conditions qui les font, et il continue d’utiliser le modèle d’intériorisation / extériorisation pour comprendre la relation dialectique entre la personne et le monde. Il montre en profondeur comment fonctionne réellement la méthode progressive/régressive – en fournissant une analyse complète des facteurs auxquels Flaubert a dû répondre (la moitié régressive), puis en reconstruisant soigneusement la dynamique de ses réponses à mesure qu’elles évoluaient au fil du temps (la moitié progressive). Il montre comment les idéologies et la dynamique de sa position de classe ont affecté ses choix et comment ses choix résument le projet fondamental de sa classe. Au cours de sa longue étude, Sartre crée une variété de nouveaux concepts qui peuvent clarifier davantage les subtilités de l’expérience vécue.

Lectures complémentaires

Théories clés de Jean-Paul Sartre

Mouvement existentialiste dans la Littérature

Phénoménologie

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Contat, Michel et Rybalka : Les écrits de Sartre: Chronologie, bibliographie commentée (Paris : Gallimard, 1970) ; trans. Les écrits de Sartre, en deux volumes (Evanston, IL : Northwestern University Press, 1974).
Flynn, Thomas : Sartre et l’existentialisme marxiste (Chicago : Presses de l’Université de Chicago, 1984).
Gerassi, John: Jean-Paul Sartre: La conscience détestée du 20e siècle (Chicago: Presses de l’Université de Chicago, 1989).
Howells, Christina: Sartre: La nécessité de la liberté (Cambridge: Cambridge University Press, 1988).
Schroeder, William R. : Sartre et Ses prédécesseurs : Le Soi et l’Autre (Londres: Routledge & Kegan Paul, 1984).

Bibliographie

Écrits La Transcendance de l’ego (Paris : J. Vrin, 1965) ; trans. Il s’agit d’une série de romans de Science-fiction et de science-fiction.
L’Inconnue (Paris : Gallimard, 1938); trans. Lloyd Alexander dans le rôle de Nausea (New York : New Directions, 1959).
L’Etre et le néant (Paris : Gallimard, 1943); trans. Hazel Barnes as Being and Nothingness (New York : Philosophical Library, 1956).
Saint Genet : Comédien et martyr (Paris : Gallimard, 1952) ; trans. B. Frechtman comme Saint Genet: Acteur et martyr (New York : Mentor Books, 1963).
Critique de la raison dialectique, tome I (Paris : Gallimard, 1960) ; trans. A. SheridanSmith comme Critique de la raison dialectique, volume 1 (Londres: New Left Board, 1976).
Les Mots (Paris : Gallimard, 1964) ; trans. B. Frechtman comme Les mots (New York: Braziller, 1964).
L’Idiot de la famille : Gustave Flaubert de 1821 à 1857, tomes I et II (Paris, Gallimard, 1971), tome III (1972); trans. Il est le fils de Carol Cosman, l’idiote de la famille, volumes 1-5 (Chicago : Presses de l’Université de Chicago, 1981-94).
Cahiers pour une morale (Paris: Gallimard, 1983); trans. D. Pellauer comme Cahiers pour une éthique (Chicago: Presses de l’Université de Chicago, 1992).
Critique de la raison dialectique, tome II (Paris : Gallimard, 1985) ; trans. Quentin Hoare comme Critique de la raison dialectique, volume 2 (Londres: New Left Board, 1991).
Vérité et existence (Paris : Gallimard, 1989) ; trans. A. van den Hoven comme vérité et existence (Chicago: Presses de l’Université de Chicago, 1992).

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